Archéologie du Futur - Cinémas africains et utopies
- Ort: Bayreuth
- Beginn: 24.01.13
- Ende: 26.01.13
- Disziplinen: Medien-/Kulturwissenschaft
- Sprachen: Französisch, Sprachenübergreifend
La création filmique en Afrique se situe dans la tension entre d'une part archéologie, histoire et mémoire et d'autre part avenir et utopie. La notion d'archéologie a plus souvent été analysée dans la mesure où la quête d'une identité perdue s'est souvent effectuée dans l'affrontement avec le colonialisme. Un cinéma politique, comme le « cinéma engagé », a souvent tourné autour de la mise en évidence des difficultés (liées à la situation coloniale et postcoloniale), autour de la dénonciation de ce qui est et qui doit être changé. Une relation étroite entre l'histoire passée et l'avenir apparaît, même dans les films qui semblent privilégier une perspective rétrospective, au travers de l'inscription de moments utopiques, de visions prospectives qui ouvrent des bulles fictionnelles dans la narration filmique, ces “nœuds de chaos” (“nódulos de caos”) dont parle Antonio Benítez-Rojo.
Le cinéma engagé, épouse un projet révolutionnaire au sens Fanonien, appelant au réveil des oppressés. Simon Gikandi, dans Rethinking Third Cinema, the role of anti-colonial Media and Aesthetics in Postmodernity, repère un imaginaire émancipateur porté par les cinémas du Sud, d’une portée révolutionnaire dès les débuts.
Patrice Nganang, parlant des littératures africaines, appelle de ses vœux l’avènement d’une « République de l’imagination » qui soit tout à la fois une chambre d’écho où bruisse le présent et une fabrique de rêves qui imaginent un futur pour l’Afrique. Nous proposons aussi de penser le cinéma, cette « usine à rêves » en termes non pas seulement de représentation a posteriori, mais en termes de transmission et de transfiguration. Nous invitons à réfléchir à la dimension préemptive des cinémas africains, leur capacité à répondre à l’urgence en même temps qu’à anticiper. Ces propositions s’articulent autour de l’idée d’une continuité temporelle repérable dans les formes cinématographiques entre passé, présent et futur selon la double modalité de l’actuel et du virtuel. Jacques Derrida propose de considérer l’ « imaginaire de l’archive » comme capture, saisie du réel et « comme gage d’avenir ». Le cinéma africain ouvre à la fois un espace de mémoire et d’utopies. Le cinéma africain se déploie dans des formes diverses, souvent hybrides qui vont du « souvenir au rêve » selon la belle expression de Gilles Deleuze dans Cinéma 2, Image-temps. Ce trajet du souvenir au rêve est ainsi illustré dans Pumzi, un court-métrage d’anticipation de la réalisatrice kenyane Wanuri Kahiu.
L'objectif de cette conférence sera de prêter une attention particulière dans les films aux projections, projets ou utopies qui permettent d'aller au-delà des coupures entre l'histoire coloniale, postcoloniale et postmoderne. Nous proposons ainsi de réfléchir à la liberté imaginative mise en œuvre dans les films, aux relations entre les séquences mémorielles, les expériences perceptives et imaginaires qui brouillent les frontières entre réalité et fiction.
Organisateurs : Viviane Azarian, Maroua El Naggare, Ute Fendler, Romanistik, Universität Bayreuth.
Veuillez trouver le programme du colloque en suivant le lien ci-dessus.
Publiziert von: cs