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04.06.2011

CfP: Culture et contre-culture. geneses, pratiques, conceptualisations

  • Ort: Paris
  • Beginn: 21.03.12
  • Ende: 23.03.12
  • Disziplinen: Medien-/Kulturwissenschaft, Weitere Teilbereiche
  • Sprachen: Französisch, Sprachenübergreifend
  • Frist: 15.09.11

Le Groupe d'analyse politique (GAP), le Centre d'études et de recherches

sur l'espace germanophone (CEREG) et le Centre de recherches anglophones (CREA) de l'Université Paris Ouest Nanterre, en partenariat avec la chaire d'histoire du temps présent de l'Université de Bielefeld, ainsi

que le Centre d'études littéraires Jean Mourot (CELJM) et Interdisciplinarité dans les études anglophones (IDEA) de l'Université Nancy 2 vous invitent à participer au colloque international « Culture et contre-culture : genèses, pratiques, conceptualisations » qui se tiendra à l'Université Paris Ouest Nanterre les 21, 22 et 23 mars 2012.

 

La « contre-culture » figure aujourd'hui parmi les notions de référence

du vocabulaire intellectuel et historiographique. Elle constitue non

seulement un équivalent sémantique extensible des résistances aux

cultures dominantes, mais également une périodisation intuitive des

contestations de l'ordre social qui ont émergé dans la seconde moitié du

20e siècle. Il suffit peut-être de rappeler, pour évoquer l'évidence

apparente de la contre-culture, que celle-ci est devenue une notion

pédagogique dans les sciences sociales complétant le diptyque

traditionnel culture/sous-culture. Même s'il est le résultat d'histoires

différentes, bien qu'en partie enchâssées, son usage à l'étranger n'est

pas moins divers et équivoque. Qu'il s'agisse de manuels ou de travaux

spécialisés, notamment dans les cultural studies, la contre-culture

(counterculture) est régulièrement associée au contexte de sa naissance

présumée, la « culture hippie », bien qu'elle soit également mobilisée

pour penser des phénomènes aussi larges que ceux des « sous-cultures

vagabondes », des « cultures pirate » d'hier et d'aujourd'hui, avec

l'émergence des « communautés virtuelles », ou encore des pratiques

couvrant le spectre très large des oppositions aux cultures officielles,

comme le rock alternatif ou le ragmarket. De même, en Allemagne, des

travaux récents semblent ouvrir une perspective attentive à l'histoire

vécue des contre-cultures ; ils épousent entre autres la variété des

usages concrets du mot Gegenkultur et ses évolutions dans le temps, mais

en les pensant notamment à partir de contrastes (Gegenkultur / Popkultur

/ Alternativkultur) dont la pertinence reste à démontrer. L'histoire

croisée des contre-cultures - particulièrement pertinente dans le cas de

la RFA et de l'aire communiste - serait ici un moyen pour mettre au jour

des décalages rarement explorés.

 

C'est pourquoi seraient bienvenues les propositions relatives à la

chronologie des contre-cultures et aux problèmes qu'elle pose, dans la

diversité des géographies et des contextes où elle prend sens. Ces

propositions pourraient interroger aussi les dynamiques contestataires

des années 1960-1970, essentielles semble-t-il en ce qu'elles enferment

des questions pratiques et théoriques dont la connaissance des

contre-cultures est indissociable. Il reste que l'historicité des

contre-cultures est faite de processus nationaux et transnationaux

imbriqués et qu'elle superpose des ordres de réalité en partie

différents. Les mots et les mots d'ordre, les mobilisations et les

formes de regroupement, les mécanismes collectifs de lutte, les

stratégies de renoncement ou de reconversion feraient ainsi aisément

l'objet d'études de cas. Les approches pourraient finalement prendre en

compte ces différentes dimensions de la contre-culture à partir des

entrées suivantes :

 

- Les hiérarchies culturelles. Le langage des contre-cultures et les

alternatives qu'elles mettent en forme sont inséparables des luttes de

redéfinition des hiérarchies culturelles et de leur légitimité. Plus

concrètement qu'on ne pourrait le penser a priori, les contre-cultures

des années 1960 et 1970 ne sont pas une « révolte » contre des « valeurs

traditionnelles », mais des ensembles d'opérations de requalification

des références culturelles légitimes et de déplacement des frontières

entre ce qui tient lieu de culture et fait autorité, et des répertoires

culturels réputés impurs. C'est ainsi que, dans le vaste ensemble de

publications couvert par le réseau de l'underground press syndicate, on

observe non seulement un travail de subversion artistique dans le

contenu plus ou moins revendicatif des textes et du graphisme, mais

aussi la recherche d'un lien avec des traditions littéraires et

artistiques hétérodoxes bien qu'en partie consacrées (dada et les

surréalistes, Henry Miller ou Cecil Taylor). L'examen des pratiques de

déplacement des frontières de la légitimité culturelle a aussi

l'intérêt, pour la période des années 1960-70, de montrer ce que sont

les systèmes de références pratiques des acteurs et les conditions

d'imposition d'un art d'inventer et de se réinventer plus ou moins

difficiles selon les moments et les lieux. Ces efforts ne sont pas

compréhensibles en dehors des rapports au sein de l'espace culturel au

sens large entre des acteurs aussi différents qu'artistes ou écrivains

d'avant-garde, consacrés « prophètes » des mouvements contestataires,

sans oublier certaines figures du champ intellectuel (Foucault ou

Marcuse), ou « bohème » culturelle en quête de reconnaissance et

rédacteurs de journaux auto-édités de contre-information.

 

- Les trajectoires conceptuelles. La mise en évidence des usages du mot

« contre-culture », de ses significations dans les différentes langues,

mais aussi des mots et des mots d'ordre de la contre-culture

(underground, beat, hippie, en anglais, alternativ, autonom en

allemand), révèle à la fois les enjeux de qualification de phénomènes

présentés comme nouveaux et certains mécanismes de circulation et de

vulgarisation (la télévision, la radio, la presse nationale, spécialisée

ou généraliste). Si l'usage et la valeur d'usage des mots sont un

indicateur particulier de la consolidation des groupes et de la

transformation des structures, suivre leur trajectoire permet de situer

les moments où des labels comme « Beat generation » ou « underground »

deviennent des outils de désignation apparemment neutre des phénomènes

que ces labels recouvrent, contribuant ainsi à les détacher de leurs

raisons et de leurs conditions initiales. Ces processus

d'officialisation, qui ne sont pas compréhensibles en dehors de l'action

des entrepreneurs culturels, font partie intégrante de l'histoire des

contre-cultures, de leur « récupération » et de leur routinisation.

 

- Les dynamiques contestataires. La présence de phénomènes collectifs

apparemment nouveaux (les « communes d'artistes », les « cultures

alternatives », les « squats/Hausbesetzungen », les « communautés

alternatives » etc.), de dispositifs plus ou moins inédits (circuits

d'information parallèles, écoles itinérantes, pédagogies parallèles) qui

reposent parfois sur des formes de rassemblement déjà inventées comme le familistère à la Godin, doit être pensée à travers ses conditions de

possibilité. Ces dynamiques collectives, qui mettent en jeu le rapport

passé/présent, s'observent aussi dans la continuité des mouvements

politiques des années 1960 et 1970 à nos jours, comme le montre

l'exemple de die Grünen. Les débats historiographiques sur la genèse

sociale des contestations des années 1960-1970 - en particulier les

mobilisations et mouvements étudiants, féministes, gays et lesbiens -

doivent ici retenir l'attention pour éclairer certaines raisons «

structurelles » trop souvent négligées. Il semble ainsi pertinent de

revenir sur les causes sociales de la contre-culture, que celles-ci

renvoient, comme l'a montré Dick Hebdige, à des phénomènes de

circulation des personnes donnant lieu à des appropriations ou des

emprunts culturels ou, comme l'ont montré différentes enquêtes

sociologiques à partir des années 1970, à l'apparition de nouvelles

contraintes collectives (la dévaluation des titres scolaires, le

chômage, l'organisation du travail salarié) qui cessent d'être vécues

comme des épreuves individuelles de milieu. L'étude de ces raisons

structurelles pourrait mettre en lumière l'existence de convergences

transnationales du phénomène.

 

Aspects pratiques :

Ce colloque international se déroulera à l'Université Paris Ouest

Nanterre (Bâtiment B salle des conférences), les 21, 22 et 23 mars 2012.

 

Les communications écrites devront être remises à l'avance et être rédigées dans la perspective d'une publication. Les propositions de communication (une à deux pages), comportant les nom, prénom, affiliation(s)institutionnelle(s) et coordonnées électroniques des auteurs, sont à envoyer pour le 15 septembre 2011 à l'adresse e-mail du colloque :

colloquecontreculture@gmail.com.

 

Les communications pourront se faire en français, allemand et anglais.

Les communications en allemand ou anglais devront faire l'objet d'un

résumé envoyé à l'avance.

 

Les réponses concernant l'acceptation des communications seront envoyées

d'ici le 15 octobre 2011.

 

Comité scientifique d'organisation : Bernard Lacroix, Xavier Landrin,

Anne-Marie Pailhès, Caroline Rolland-Diamond,

 

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Eléments bibliographiques :

- Philippe Artières, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68, une histoire

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- Beth Bailey, Sex in the Heartland¸Cambridge, Harvard University Press,

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- Pierre Bourdieu, La Distinction : critique sociale du jugement, Paris,

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- Pierre Bourdieu, Homo Academicus, Paris, Minuit, 1984.

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- Dominique Cardon, Fabien Granjon, « Médias alternatifs et médias

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- Patrick Combes, La littérature et le mouvement de Mai 68, Paris,

Seghers, 1984.

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(dir.), Mai - Juin 68, Paris, Les Editions de l'Atelier / Editions

ouvrières, 2008.

- Alice Echols, Daring to be Bad: Radical Feminism in America,

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- Alice Echols, Shaky Ground, The '60s and Its Aftershocks, New York,

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- Didier Eribon, Michel Foucault, Paris, Flammarion, 1989.

- Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Paris, Fayard, 1999.

- David Farber, The Age of Great Dreams: America in the 1960s, New York,

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- Claude Grignon, Jean-Claude Passeron, Le savant et le populaire :

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- Gérard Mauger, « Gauchisme, contre-culture et néo-libéralisme : pour

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- Caroline Rolland-Diamond, Chicago : le moment 68. Territoires de la

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- Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures, Bruxelles, Complexe,

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- SCALPEL, Cahiers de sociologie politique de Nanterre, « Mai 68,

trente ans après », 4-5, 1999.

- Kristina Schulz, Der lange Atem der Provokation, Frankfurt am Main,

Campus Verlag, 2002.

 

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Anne-Marie Pailhès

UPON UFR LCE 200 avenue de la République 92 000 Nanterre

pailhes@u-paris10.fr

 

 

Von:  Anne-Marie Pailhès

Publiziert von: Barbara Ventarola