CfP: Culture et contre-culture. geneses, pratiques, conceptualisations
- Ort: Paris
- Beginn: 21.03.12
- Ende: 23.03.12
- Disziplinen: Medien-/Kulturwissenschaft, Weitere Teilbereiche
- Sprachen: Französisch, Sprachenübergreifend
- Frist: 15.09.11
Le Groupe d'analyse politique (GAP), le Centre d'études et de recherches
sur l'espace germanophone (CEREG) et le Centre de recherches anglophones (CREA) de l'Université Paris Ouest Nanterre, en partenariat avec la chaire d'histoire du temps présent de l'Université de Bielefeld, ainsi
que le Centre d'études littéraires Jean Mourot (CELJM) et Interdisciplinarité dans les études anglophones (IDEA) de l'Université Nancy 2 vous invitent à participer au colloque international « Culture et contre-culture : genèses, pratiques, conceptualisations » qui se tiendra à l'Université Paris Ouest Nanterre les 21, 22 et 23 mars 2012.
La « contre-culture » figure aujourd'hui parmi les notions de référence
du vocabulaire intellectuel et historiographique. Elle constitue non
seulement un équivalent sémantique extensible des résistances aux
cultures dominantes, mais également une périodisation intuitive des
contestations de l'ordre social qui ont émergé dans la seconde moitié du
20e siècle. Il suffit peut-être de rappeler, pour évoquer l'évidence
apparente de la contre-culture, que celle-ci est devenue une notion
pédagogique dans les sciences sociales complétant le diptyque
traditionnel culture/sous-culture. Même s'il est le résultat d'histoires
différentes, bien qu'en partie enchâssées, son usage à l'étranger n'est
pas moins divers et équivoque. Qu'il s'agisse de manuels ou de travaux
spécialisés, notamment dans les cultural studies, la contre-culture
(counterculture) est régulièrement associée au contexte de sa naissance
présumée, la « culture hippie », bien qu'elle soit également mobilisée
pour penser des phénomènes aussi larges que ceux des « sous-cultures
vagabondes », des « cultures pirate » d'hier et d'aujourd'hui, avec
l'émergence des « communautés virtuelles », ou encore des pratiques
couvrant le spectre très large des oppositions aux cultures officielles,
comme le rock alternatif ou le ragmarket. De même, en Allemagne, des
travaux récents semblent ouvrir une perspective attentive à l'histoire
vécue des contre-cultures ; ils épousent entre autres la variété des
usages concrets du mot Gegenkultur et ses évolutions dans le temps, mais
en les pensant notamment à partir de contrastes (Gegenkultur / Popkultur
/ Alternativkultur) dont la pertinence reste à démontrer. L'histoire
croisée des contre-cultures - particulièrement pertinente dans le cas de
la RFA et de l'aire communiste - serait ici un moyen pour mettre au jour
des décalages rarement explorés.
C'est pourquoi seraient bienvenues les propositions relatives à la
chronologie des contre-cultures et aux problèmes qu'elle pose, dans la
diversité des géographies et des contextes où elle prend sens. Ces
propositions pourraient interroger aussi les dynamiques contestataires
des années 1960-1970, essentielles semble-t-il en ce qu'elles enferment
des questions pratiques et théoriques dont la connaissance des
contre-cultures est indissociable. Il reste que l'historicité des
contre-cultures est faite de processus nationaux et transnationaux
imbriqués et qu'elle superpose des ordres de réalité en partie
différents. Les mots et les mots d'ordre, les mobilisations et les
formes de regroupement, les mécanismes collectifs de lutte, les
stratégies de renoncement ou de reconversion feraient ainsi aisément
l'objet d'études de cas. Les approches pourraient finalement prendre en
compte ces différentes dimensions de la contre-culture à partir des
entrées suivantes :
- Les hiérarchies culturelles. Le langage des contre-cultures et les
alternatives qu'elles mettent en forme sont inséparables des luttes de
redéfinition des hiérarchies culturelles et de leur légitimité. Plus
concrètement qu'on ne pourrait le penser a priori, les contre-cultures
des années 1960 et 1970 ne sont pas une « révolte » contre des « valeurs
traditionnelles », mais des ensembles d'opérations de requalification
des références culturelles légitimes et de déplacement des frontières
entre ce qui tient lieu de culture et fait autorité, et des répertoires
culturels réputés impurs. C'est ainsi que, dans le vaste ensemble de
publications couvert par le réseau de l'underground press syndicate, on
observe non seulement un travail de subversion artistique dans le
contenu plus ou moins revendicatif des textes et du graphisme, mais
aussi la recherche d'un lien avec des traditions littéraires et
artistiques hétérodoxes bien qu'en partie consacrées (dada et les
surréalistes, Henry Miller ou Cecil Taylor). L'examen des pratiques de
déplacement des frontières de la légitimité culturelle a aussi
l'intérêt, pour la période des années 1960-70, de montrer ce que sont
les systèmes de références pratiques des acteurs et les conditions
d'imposition d'un art d'inventer et de se réinventer plus ou moins
difficiles selon les moments et les lieux. Ces efforts ne sont pas
compréhensibles en dehors des rapports au sein de l'espace culturel au
sens large entre des acteurs aussi différents qu'artistes ou écrivains
d'avant-garde, consacrés « prophètes » des mouvements contestataires,
sans oublier certaines figures du champ intellectuel (Foucault ou
Marcuse), ou « bohème » culturelle en quête de reconnaissance et
rédacteurs de journaux auto-édités de contre-information.
- Les trajectoires conceptuelles. La mise en évidence des usages du mot
« contre-culture », de ses significations dans les différentes langues,
mais aussi des mots et des mots d'ordre de la contre-culture
(underground, beat, hippie, en anglais, alternativ, autonom en
allemand), révèle à la fois les enjeux de qualification de phénomènes
présentés comme nouveaux et certains mécanismes de circulation et de
vulgarisation (la télévision, la radio, la presse nationale, spécialisée
ou généraliste). Si l'usage et la valeur d'usage des mots sont un
indicateur particulier de la consolidation des groupes et de la
transformation des structures, suivre leur trajectoire permet de situer
les moments où des labels comme « Beat generation » ou « underground »
deviennent des outils de désignation apparemment neutre des phénomènes
que ces labels recouvrent, contribuant ainsi à les détacher de leurs
raisons et de leurs conditions initiales. Ces processus
d'officialisation, qui ne sont pas compréhensibles en dehors de l'action
des entrepreneurs culturels, font partie intégrante de l'histoire des
contre-cultures, de leur « récupération » et de leur routinisation.
- Les dynamiques contestataires. La présence de phénomènes collectifs
apparemment nouveaux (les « communes d'artistes », les « cultures
alternatives », les « squats/Hausbesetzungen », les « communautés
alternatives » etc.), de dispositifs plus ou moins inédits (circuits
d'information parallèles, écoles itinérantes, pédagogies parallèles) qui
reposent parfois sur des formes de rassemblement déjà inventées comme le familistère à la Godin, doit être pensée à travers ses conditions de
possibilité. Ces dynamiques collectives, qui mettent en jeu le rapport
passé/présent, s'observent aussi dans la continuité des mouvements
politiques des années 1960 et 1970 à nos jours, comme le montre
l'exemple de die Grünen. Les débats historiographiques sur la genèse
sociale des contestations des années 1960-1970 - en particulier les
mobilisations et mouvements étudiants, féministes, gays et lesbiens -
doivent ici retenir l'attention pour éclairer certaines raisons «
structurelles » trop souvent négligées. Il semble ainsi pertinent de
revenir sur les causes sociales de la contre-culture, que celles-ci
renvoient, comme l'a montré Dick Hebdige, à des phénomènes de
circulation des personnes donnant lieu à des appropriations ou des
emprunts culturels ou, comme l'ont montré différentes enquêtes
sociologiques à partir des années 1970, à l'apparition de nouvelles
contraintes collectives (la dévaluation des titres scolaires, le
chômage, l'organisation du travail salarié) qui cessent d'être vécues
comme des épreuves individuelles de milieu. L'étude de ces raisons
structurelles pourrait mettre en lumière l'existence de convergences
transnationales du phénomène.
Aspects pratiques :
Ce colloque international se déroulera à l'Université Paris Ouest
Nanterre (Bâtiment B salle des conférences), les 21, 22 et 23 mars 2012.
Les communications écrites devront être remises à l'avance et être rédigées dans la perspective d'une publication. Les propositions de communication (une à deux pages), comportant les nom, prénom, affiliation(s)institutionnelle(s) et coordonnées électroniques des auteurs, sont à envoyer pour le 15 septembre 2011 à l'adresse e-mail du colloque :
colloquecontreculture@gmail.com.
Les communications pourront se faire en français, allemand et anglais.
Les communications en allemand ou anglais devront faire l'objet d'un
résumé envoyé à l'avance.
Les réponses concernant l'acceptation des communications seront envoyées
d'ici le 15 octobre 2011.
Comité scientifique d'organisation : Bernard Lacroix, Xavier Landrin,
Anne-Marie Pailhès, Caroline Rolland-Diamond,
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Eléments bibliographiques :
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- Patrick Combes, La littérature et le mouvement de Mai 68, Paris,
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- Kristina Schulz, Der lange Atem der Provokation, Frankfurt am Main,
Campus Verlag, 2002.
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Anne-Marie Pailhès
UPON UFR LCE 200 avenue de la République 92 000 Nanterre
pailhes@u-paris10.fr
Publiziert von: Barbara Ventarola